Quelle crédibilité de la politique de l’emploi quand le taux de chômage ne cesse de croître depuis dix ans ?
Quelle crédibilité de la politique de l’emploi effectif, créateur de richesses nouvelles, qui se limite à transformer les «chômeurs» en «pseudo actifs» d’une fonction publique pléthorique et au détriment d’un équilibre budgétaire recherché ?
Ne valait-il pas emprunter une autre démarche plus inclusive en affectant ces ressources financières au «titre 2» pour doper l’investissement public en panne depuis dix ans ?
Une telle réorientation, si elle était acquise, redonnerait confiance aux acteurs (entreprises privées et chômeurs des zones marginalisées…), dissiperait l’inquiétude de l’avenir et atténuerait la crispation sur un présent de situation de double crise (transitionnelle et pandémique), et d’anticiper sur les avantages sociaux à venir.
Une question, parmi tant d’autres, taraude les macroéconomistes : dans quelle mesure les Tunisiens sont-ils prêts à renoncer aux quelques avantages sociaux subsistants (pour l’instant ?) dans le présent, pour retrouver une confiance «sociale» dans l’avenir.
La réponse est la même, depuis dix ans : l’emploi (côté face) et le pouvoir d’achat (côté pile) de la même pièce, en l’occurrence d’«un dinar»… C’est-à-dire s’ils sont persuadés que désormais, tout va être fait pour résoudre le problème de l’emploi réel, créateur de richesses réelles nouvelles.
Or, rien, mais alors rien n’a été fait, depuis dix ans, en la matière.
Un engagement crédible du gouvernement permettrait une réduction significative du coût financier de la politique de l’emploi et l’entrée de l’économie tunisienne dans un cercle vertueux: la confiance retrouvée amènerait une baisse de l’épargne de précaution (thésaurisation) des ménages, une hausse de l’investissement des entreprises ce qui provoquerait une nette augmentation de la demande privée, donc des recettes publiques.
La solution du problème de l’emploi en Tunisie est multidimensionnelle : elle passe par une dynamique de développement des échanges au niveau régional (maghrébin, africain et européen) qui se substituerait aux stratégies non coopératives actuelles, mises en place depuis dix ans.
Elle passe aussi par la réalisation d’une stabilisation du dinar qui rendrait possible une diminution de la volatilité du taux de change de ce dernier. La spéculation en la matière, au profit notamment du marché de change informel, en serait d’autant plus affaiblie au profit de l’investissement réel et au détriment des opportunités de placements non productifs.
En outre, un dinar stable offre la possibilité d’équilibrer les efforts entre «l’équilibre interne» et «l’équilibre externe», pour remettre en perspective les rapports entre la Tunisie et le reste du monde, dans un sens qui soit plus favorable à la Tunisie.
Enfin, la crédibilité d’une politique de l’emploi inclusive suppose une politique monétaire adaptée aux besoins d’une politique budgétaire pour mener une politique de stabilisation.
Désormais, le ciment de la construction d’une croissance inclusive c’est l’accroissement du bien-être social, c’est-à-dire une amélioration du niveau de vie et des opportunités d’emploi.